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« On peut s’attacher à une poterie en raison de sa matière, de son grain, de ses nuances de couleurs, voire de décor, comme on le ferait d’une pierre recueillie dans un éboulis de roches ou le lit d’une rivière. A la limite, cette poterie pourrait être brisée ou à l’état de fragments. Sa nature minérale l’emporte alors sur sa forme. Confondre ainsi une poterie avec un objet naturel serait oublier qu’elle est le fruit de la recherche d’un artisan pour qui la forme et la matière sont indissociables. »

« D’une poterie, on s’attend à lui trouver des qualités spécifiques d’un art du feu. Issue d’une métamorphose d’oxydes, elle a reçu une homogénéité de matière, une dureté et une densité qui la situent dans une durée capable de traverser bien des générations. Une céramique ne saurait être éphémère.

La spécificité de matière reste cependant insuffisante. On souhaite à une poterie des qualités relatives à sa forme, à son décor, à la relation entre forme et émail. On pourrait parler ici d’unité ou de cohésion de composition. On se trouverait alors devant un objet simplement là, dans l’évidence d’une présence à laquelle on ne saurait rien ajouter, ni rien retrancher. »

La face cachée de la terre par Daniel de Montmollin ISBN: 978-2-85194-955-4